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Le suicide


Le deuil suicidaire est un deuil particulier.
Certainement le plus difficile à vivre. La mort a triché; elle est venue prendre quelqu’un dont ce n’était pas le tour. Il n’est pas dans l’ordre naturel des choses de la provoquer ; elle ne devrait venir qu’à son heure.

Il n’y a pas à juger. Des mots tels que courage ou lâcheté n’ont rien à faire ici. Seul le mot souffrance est approprié.

Ce n’était pas un désir de mort, mais un désir de mettre fin à une souffrance devenue intolérable. Un appel à une vie autre dont cette personne avait perdu les moyens de trouver la clé. Pour tuer cette souffrance, elle n’a pas trouvé d’autre solution que de se tuer avec.

Certes, tout être est libre de se suicider, mais c’est le plus souvent la liberté de ceux qui ont perdu toute liberté. Sans doute est-ce là la plus grande ambiguïté du suicide.

Au moment de la découverte du corps, une enquête va être décidée.

Vous pouvez la ressentir comme un traumatisme qui vient de s’ajouter à votre douleur.

Vous devez savoir qu’une telle enquête est utile, pas seulement pour la Justice : elle permettra surtout de connaître de façon certaine la cause de la mort de votre proche, d’en préciser les circonstances et aussi d’éliminer toute autre hypothèse explicative.

Si, en ce moment le chagrin vous submerge, dans les jours et les semaines à venir, beaucoup de questions vont surgir, et parfois devenir obsédantes : vous chercherez à vérifier ce qui a pu se passer juste avant la mort, à ce moment-là, le doute pourra vous habiter. C’est alors que l’enquête réalisée sera utile pour apaiser votre questionnement.

C’est pourquoi vous allez rencontrer les policiers ou les gendarmes.

Ils ne sont pas là pour suspecter les uns ou les autres, mais seulement pour réunir les éléments matériels, les témoignages afin de mieux connaître les circonstances personnelles, administratives, liées à une mort par suicide.

Nature

N’hésitez pas à vous adresser aux agents du service de Médecine Légale pour qu’ils puissent, eux aussi, vous soutenir et vous donner tous renseignements utiles.

L’intervention des enquêteurs sera complétée par l’intervention du médecin légiste.

Le corps de votre proche sera transféré dans un service de médecine légale pour que soit réalisé, soit un examen, soit une autopsie. Il s’agit dans les deux cas d’un examen réalisé selon des techniques habituelles de la pratique médicale, dans un respect total du corps de la personne. Ces examens sont aussi nécessaires pour confirmer les causes et les circonstances du décès. Ils peuvent aussi permettre d’observer un certain nombre de pathologies.

Le défunt vous sera rendu au plus tôt.

N’hésitez pas à vous adresser aux agents du service de Médecine Légale pour qu’ils puissent, eux aussi, vous soutenir et vous donner tous renseignements utiles.

En toute circonstance, il doit vous être possible de rencontrer vous-mêmes le médecin légiste. Le mieux est de le faire quelques semaines après la survenue du décès. Vous pourrez exprimer à ce praticien toutes les questions qui surgiront à ce moment-là. Il pourra, grâce à l’examen réalisé, vous apporter les réponses utiles. Vous pourrez aussi porter à sa connaissance l’état dans lequel se trouvait votre proche avant son geste suicidaire, les évènements de vie qu’il avait eus à subir, les soins qu’il recevait, les traitements qui lui avait été prescrits : ces renseignements seront très utiles pour que les causes du suicide soient mieux connues de façon à améliorer les mesures de prévention.

Ce dialogue avec le médecin spécialisé dans les questions de la mort et du deuil seront aussi l’occasion de parler avec lui de votre souffrance personnelle qui se traduit souvent par de l’insomnie, une grande angoisse, des difficultés à penser à autre chose qu’à ce décès, une difficulté à vous réinscrire dans votre vie quotidienne, de couple, de famille, de travail, un sentiment de culpabilité qui parfois vous envahit.

Cette épreuve sera souvent longue et difficile.

Pour faire son deuil d’un proche suicidé, il faut accepter, accepter cette décision
même si on ne la comprend pas car il restera toujours une part de mystère.

Il faut respecter son acte et conserver intactes l’estime et l’affection que vous lui portiez.

Vous pourrez aussi être utilement soutenu par les associations de familles endeuillées qui rassemblent des personnes ayant été confrontées à une telle disparition.

La présence, à vos côtés, des personnes qui ont vécu le même traumatisme vous aidera dans vos démarches et dans vos efforts personnels. Elle ouvrira, avec un soutien médical éventuel, le chemin de la vie à reprendre. La mémoire du disparu ne s’effacera pas, mais, au fil du temps, elle deviendra moins douloureuse et vous garderez en vous l’image vivante et présente de son souvenir.

Maman et sa fille en deuil